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J'ai l'habitude de ne pas laisser percevoir une émotion, de n'importe quelle intensité. J'en ai enfoui tellement pendant beaucoup d'années, mais avec Jonah je peine un peu à les cacher. Ou peut-être bien que je laisse une barrière ouverte, sans m'en apercevoir. Parce que le brun se rend compte que son aveu a un impact sur mon moral, de part son intonation et le geste de sa main qui vient attraper la mienne dans sa chute. La douceur de sa caresse me tire une grimace intérieure, car je n'arrive pas vraiment à cerner ce qu'il attend de moi, de nous, de tout ça. Les doutes se sont multiplier en moins d'une minute et percute les tempes de ma tête dans un petit vacarme que je tente tant bien que mal de calmer en répondant à des questions subsidiaires de la peur et la méfiance que je ressens. Ces dernières s'égrainent mais restent quand même collées à mon myocarde et à mes neurones. Le moment de bien-être est cassé, il faudra attendre un autre jour pour espérer les voir disparaître totalement. Les explications tombent presque dans l'oreille d'un sourd, les ayant très bien comprises la première fois et acceptées. Pourtant, cela ne lui suffit pas, il enchaîne ses menottes à mes joues et plonge son regard dans le mien, hagard. Mon amour propre ne supporte pas sa condescendance, en bon alpha que je suis, et je finis par hausser vaguement des épaules, imprégnant l'indifférence sur mes traits de visage. « Je sais tout ça, je me demandais juste si tu préférai partir du magasin vu qu'on s'est rapproché. C'est ce dont tu redoutais ta première nuit non ? Je comprendrai en tout cas, mais tant mieux si tu restes. Dans tous les cas, faudrait qu'on se magne à terminer ce petit-dèj où on va être vraiment en retard. » En complète opposition avec ce que j'ai avancé toute à l'heure, mais je réagis à mon habitude. Je coupe court à tout débat, à tout embarras pour m'occuper autrement l'esprit, par le travail notamment. Je glisse un petit sourire rapide dans sa direction et m'attaque à la salle de bain et à la penderie pour être prêt à sortir. Après avoir vécu une semaine dans la sueur, les gémissements et le vomi de mon pote, j'ai envie d'être propre pendant une journée d'affilé.
Je m'occupe, et voilà que je ne pense même plus à ce qui vient de se passer. C'est terriblement pratique. « Tu veux que je t'amène chez toi en voiture ? », je lui propose entre deux ménagements, essayant tant bien que mal de fermer correctement ma chemise. Sa colocation est à quelques blocs d'ici, mais ça ne me dérangerai pas.

Le bonheur a deux.
S’il a été en couple pendant un temps avec deux filles, il avait l’impression de ne pas avoir autant vécu qu’avec le basané. Cette sensation de chaleur était constante, il avait l’impression d’être une petite pucelle en chaleur qui n’avait encore jamais connu un homme ou une femme. Yaël le faisait sentir comme une demoiselle en fleur, ça lui plaisait. Il se découvrait d’une manière différente. « Alors reste avec moi » ça lui allait totalement. Un sourire tendre se dessina sur ses lèvres alors qu’il continuait de manger son petit-déjeuner.
Finalement, après ces remerciements, il ne put s’empêcher de lui dire la vérité. De lui parler du fait qu’il avait envoyé des CV pour trouver un autre travail. C’était normal, comment il aurait pu lui faire face s’il s’était foutu de sa gueule ? Il n’aurait jamais pu le faire et toute personne sensée aurait fait la même chose, sauf un maso et ce n’était pas son cas. La réaction de Yaël lui fit mal, son sourire s’atténua alors qu’il observait son visage déconfit. « je ne vais pas partir, maintenant que je sais que tu tiens à moi et que tu m’aimes bien » dit-il en attrapant sa main qui était resté en suspension.
Il fallait qu’il lui explique son point de vue, il devait comprendre son ancienne décision de partir. Comment pourrait-il lui faire face autrement ? « Yaël, je croyais que tu t’étais foutu de moi. Que tu n’en avais rien à faire de moi et que je n’avais été qu’un passetemps. C’est débile à croire mais je l’ai pensé. Si ça avait été le cas, je n’aurais pas voulu te faire face, j’aurais aimé partir et travailler ailleurs au lieu de te croiser tous les jours. C’est normal nan ? tu ne penses pas ? » demanda-t-il en arquant un sourcil. Il pencha la tête essayant de capter le regard de Yaël. Ni arrivant pas, il lui attrapa le visage pour le forcer à le faire. Son regard plongé dans le sien, il lui dépose un rapide baiser sur les lèvres, lui souriant par la suite. « et c’est moi qui réfléchis trop ? » dit-il d’un ton moqueur.

Si mon grand-paternel me voyait à ce moment, je crois qu'il en aurait une crise cardiaque le pauvre... Je mange du porc grillé en compagnie d'un autre homme dans mon lit. Je crois avoir brisé toutes les lois du Talmud. Déjà, à dix-huit ans, il a du remarquer que je ne serai pas du genre à me plier facilement à ce mode de vie. Pas surprenant qu'il ait influencé mes parents à me renier, ainsi que tout le reste de ma famille. N'empêche que j'arrive à en rigoler aujourd'hui, ce qui n'était pas le cas les premières années qui furent rudes sans aucun contact familial. Je leur ai prouvé le contraire, j'ai pu vivre parmi les autres, hors de leur communauté restreinte. Je m'en suis sorti, difficilement, mais je ne regrette rien.
Aussi, un sourire ne se déteint pas sur mes lèvres. Je suis heureux et je commence vraiment à bien aimer ce Jonah, mon employé avant tout, mon amant, l'homme avec qui j'ai bien envie de tenter quelque chose et de faire des efforts. Et j'espère recevoir de lui la même chose, j'espère le voir s'affrioler de moi, et pas que pendant le sexe. Je croise les doigts pour que ça fonctionne. « J'ai juste envie de rester après la semaine que j'ai passé avec Ru. Ruben. Le temps de calmer mes nerfs, avec toi. », je lui explique dans un petit sourire nerveux, me souvenant des pires moments passés en la compagnie de mon bro. Après-demain, il me faudra retourner à la ferme la journée pour m'enquérir de son état, et puis le soir même Jonah et moi passeront un rendez-vous de fou. Je soupire, la poitrine gonflée, le bassin bercé d'une douce et suave sensation. J'en arrive presque à me mordre la lèvre d'anticipation. Puis, je me rappelle que le brun a tenu boutique malgré tout, et je l'en remercie sur un ton beaucoup plus grave et solennel. Ma main se resserre contre son échine et glisse ensuite sur sa pommette. J'aurais voulu rester en suspension à cet instant précis, mais Jonah me fait un aveu qui m'écrase soudainement le palpitant jusqu'à le rendre silencieux. Mon bras s'abaisse tandis que je tente de cacher ma déception et mes émotions sous un voile sérieux. Mais en dessous, c'est une guerre brutale qui s'engage et me noue la poitrine et la gorge. « Je vois... » La confiance que j'avais à son égard s'égraine un peu pour laisser place au doute. « Merci pour ta franchise. Tu vas partir du coup ? » Je me garde bien de le regarder, parce qu'il verrait dans mes iris un homme tomber du haut d'une falaise. C'est la sensation que j'ai et qui me fait frissonner l'échine. J'étais en haut et j'arrive en bas. Ce n'était peut-être pas le bon moment pour m'avouer une telle chose, même si j'apprécie vraiment son honnêteté. Les doutes commencent à me ronger, à me chuchoter à l'oreille si Jonah est vraiment celui qui m'apportera un semblant de bonheur, s'il sera capable de sonder mon âme et d'essayer d'y déceler quelque chose de beau. Si on la trouve un jour.

Il n’y avait rien de mieux que se réveiller dans les bras de Yaël.
Si on lui avait dit hier matin qu’il se réveillerait le lendemain dans les bras musclés du basané, il aurait ri au nez. Simplement, parce qu’il avait dans l’idée de ne pas pardonner de ce silence. Pourtant, il n’a pas tenu, comprenant les raisons même s’il savait qu’à sa place, il aurait été présent d’une manière ou d’une autre. Le petit-déjeuner au lit était la condition, mais il avait tellement bien dormi que ça aurait pu passer s’il n’avait pas été pour ce matin. Il le lui dit d’ailleurs qu’il n’a pas réfléchi, car il voyait bien le questionnement dans les yeux sombres de ce bel homme.
Jonah mangea tranquillement sa tartine, buvant également son café. Il était bien et s’il pouvait, il resterait juste ici en compagnie de Yaël. Ils avaient pourtant des devoirs, et ça l’ancien bouclé ne l’oubliait pas. « bien patron » dit-il avec un sourire au coin. Bien qu’il ne le voyait plus réellement comme tel en dehors de la boutique, il serait plutôt comme son petit-ami ou l’homme qu’il fréquente dans le but de créer une relation. Il approuva de la tête, ravi de savoir que le brun allait être à ses côtés aujourd’hui. « aurais-tu peur que je m’enfuis ? mais ça me fait plaisir de te savoir à mes côtés » dit-il honnêtement, comme toujours. Il se demandait bien comment ils allaient réagir l’un envers l’autre en dehors de cet appartement…
Finalement, les derniers propos bloquèrent l’américain. Il finit tout de même sa tartine, mais il resta silencieux quelques secondes. Devait-il lui dire qu’il a cherché un travail durant cette semaine ? il n’a pas trouvé mais des CV ont été envoyé tout de même. « C’est normal, je n’allais pas laissé le magasin comme ça. Je suis professionnel » dit-il en souriant. Il resta de nouveau silencieux, un soupire sortit de ses lèvres doucement. « Pour tout te dire, j’ai envoyé des CV pour changer de travail. J’étais en colère et déçu de toi alors, je voulais partir mais je pouvais pas le faire sans avoir un autre travail » honnêteté, toujours, c’est la clé de la réussite.

En le voyant encore à demi-endormi dans mes draps, alors que j'apporte le petit-déjeuner sur un plateau de merde trouvé dans un placard, j'ai bien envie de faire de Jonah mon repas de ce matin. Mais la félicité de notre baise hier soir me colle encore à la peau et au cœur, aussi je ne me renfrogne pas de frustration mais mords à pleine dent ce bout de bacon bien grillé et luisant. Je mets plein de graisse sur le bout de mes doigts, mais tant pis, j'aime trop ça pour prendre des pincettes. J'espère juste ne pas trop choquer le brun assis juste à côté de moi qui finit d'ailleurs son verre de jus d'orange sans sucre ajouté. Il semble de bonne humeur, meilleure qu'hier soir quand on était encore dans le bar gay. Le voir à la lumière du jour me fait du bien et je peux d'ailleurs observer son nouveau style plus en détail. C'est vrai qu'il lui donne un air de racaille sûre d'elle, c'est assez attrayant. « Super. », je commente en finissant mon bacon et en prenant la tartine que me tend Jonah avant de l'engloutir. Que c'est bon. Entre la bouffe et le sexe, je suis bien chanceux. Tout en mangeant à ma faim, c'est-à-dire beaucoup, je le regarde de temps à autre, expulsant des sourires complices sur mes lèvres et me disant qu'on forme un beau duo, lui et moi. « Ton boss t'ordonne de prendre ton temps, tu vas avoir mal au ventre sinon. », je tente quand même de le rassurer, qu'il ne fasse pas une course contre la montre et se fatigue encore plus. Ses petits yeux me font de la peine et je ne résiste pas à la tentation de venir lui embrasser le visage. « Je vais rester à LA aujourd'hui, au magasin quelques temps. Genre, je t'y rejoindrai dans la matinée je pense. J'ai du linge et des emplettes à faire. » Il veut me faire confiance ? Il souhaite que je sois plus transparent ? Ça me va, je comprends, ce n'est pas difficile avec lui. Les phrases viennent toutes seules. Le feeling est bon. « Oh et Jonah ? » Je redeviens un peu plus sérieux à cet instant, captant son regard du mien. « Merci pour être resté au magasin cette semaine malgré tout ça. » Il aurait pu partir et claquer la porte, rendre son uniforme, mais il ne l'a pas fais. Je ne sais pas encore pourquoi, peut-être qu'il espérait qu'on se revoit, que j'arrange les choses. Le fait qu'il soit resté malgré son insécurité, ses doutes et ses peines me touchent plus que je ne le pensais. Une de mes menottes vient prendre sa nuque et la masser affectueusement alors que je le remercie des prunelles et des lèvres.

Il aurait souhaité rester encore dans ses bras.
Dormir jusqu’à pas d’heure, dans la chaleur de ses bras, près de son cœur. Il n’était pas encore réveillé, encore dans un demi-sommeil quand il salua ce bel homme. Se logeant dans ses bras sans un mot supplémentaire. Il en oublia totalement le surnom qu’il venait de donner à son patron, ce bel homme qui le payait pour tenir le magasin quand il n’était pas là. S’il pouvait, il resterait dans ce lit en sa compagnie toute la journée, mais ils devaient être raisonnables. Ils pourront faire ça ce weekend. « mhh… va falloir que je m’habille » dit-il encore d’une voix roque, endormi. Il se levait rapidement d’habitude mais il était trop bien là.
Finalement, Yaël se leva, laissant Jonah seul dans ce lit qui semblait trop grand pour lui. Il se rendormit presque mais fut vite sortir de son demi-sommeil par la douce odeur d’un petit-déjeuner au lit. Il se redressa, en position assis. « ça a l’air délicieux, je suis gâté… tu y as pensé » c’était la condition pour partir en rendez-vous ce soir avec lui. Le baiser échangé, il but tranquillement le jus d’orange. Il approuva de la tête à sa question, souriant doucement alors qu’il attrapait une tartine grillée. « j’ai dormi comme un bébé, je n’ai pas réfléchi pendant des heures… ne t’inquiète pas » par contre, la journée allait être dure, il avait la tête lourde à cause de l’alcool.
Il lui tendit une tartine pour qu’il ne soit pas le seul à manger, ce fut silencieux mais apaisant. Ils se jetaient des regards tous les deux, tendre, malicieux, on pourrait presque croire amoureux. Son organe a régulièrement fait des bons à cette imagination. « Il va falloir que je me dépêche, je dois rentrer chez moi me changer. J’ai la tenue qu’il faut pour bosser » et les vêtements de Yaël risquent d’être bien trop grand.

Le corps bien calé de Jonah a du m'empêcher de tourner dans les draps et de le réveiller, car le jeune homme est encore tout près de ma peau, tout chaud. Je me réveille d'une nuit extraordinairement douce et tranquille, un bien-être fou pour mon esprit qui n'a cessé de tourner à mille à l'heure depuis jeudi dernier, depuis cette journée où j'ai appris la dépendance de Riben pour son anti-douleur. De l'eau à couler en seulement sept jours, puisque mon pote s'est quelque peu remis de son sevrage (il doit d'ailleurs probablement dormir dans la chambre d'invité à cette heure) et Jonah est à mes côtés dans mes draps. Jonah et mes draps. Cette sensation de ne pas se réveiller seul, mais de sortir des limbes accompagné d'un être comme lui, me tire un ronronnement d'ours, suivi de son surnom. Sa réaction n'est que plus confortable et touchante alors qu'il bouge pour me faire face et presser son buste au mien. D'un oeil hagard, je contemple son visage enfoncé dans l'oreiller et contre mes clavicules, et souris. Une sorte de totale félicité, bien différente de celle après le sexe, soulève ma poitrine et fait battre mon palpitant. « Mmh, 'jour. », je lui réponds, dans les vapes, encerclant toujours son corps de mes bras, entremêlant mes genoux aux siens. C'est exactement ainsi que je rêvais me réveiller à ses côtés, c'est une sensation euphorique. Yaya. Ce surnom débile mais attendrissant fait fondre mon coeur et me fait encore plus sourire. « Mon affreux Jojo. Il est l'heure qu'il doit être. » En gros, tais-toi et reste là. Pourtant, l'employé marque encore un point vis-à-vis du patron (je commence à me poser des questions), l'heure de travailler approche à grands pas, si ce n'est qu'elle est déjà passée. D'un grondement de la poitrine, je m'étire donc pour avoir une vue sur l'horloge. 7h30. Je reviens vers l'ancien bouclé maintenant rasé, et embrasse tendrement son front. « 7h30, prend ton temps. », je lui assène venant caresser du bout de mes phalanges son dos. Petit-à-petit, mes idées s'éclaircissent et je me rappelle de notre petite discussion de la veille et du petit déjeuner que je lui dois au lit. Ces souvenirs me donnent assez de force pour m'assoir sur le matelas, me débarbouiller le visage de mes deux palmes et sortir de notre cocon que je regrette déjà. Tu y reviendras dans peu de temps.
Dans la cuisine, après avoir bâiller plus que de raison et alors que je prépare le repas pour deux sur un plateau, je me dis que j'aurais bien aimé faire la grasse matinée avec Jonah. Il me rend fainéant, ce n'est pas bon signe. Je me magne donc pour me réveiller et m'émoustiller, et emmène le plateau dans la chambre pour le poser sur les draps. « Petit-déj au lit, comme promis... Bon ap'. » J'y rejoins mon brun à la mince déconfite et pose mes lèvres sur les siennes, premier baiser de la journée. Combien en aura-t-il d'autres ? Beaucoup, j'espère, en lui tendant ensuite un jus d'orange avant de commencer son assiette. « Bois tout, ça te réveillera après ta cuite d'hier soir. » Petit conseil que je lui donne avant de commencer cette longue journée. « Tu as bien dormi cette fois ? », je m’enquiers tout en prenant une tranche de bacon bien grillée entre les doigts avant de la déchiqueter à l'aide de mes canines.

La fatigue les prenait.
Ils étaient temps pour eux d’aller rejoindre la douceur des draps de l’américain, dans ses bras, si ce n’est pas mieux. Yaël semblait faire exprès de rendre l’américain gêné par ce type de déclaration. Cela le perturbait, son cœur battait un peu plus vite encore. « tu es un sadique quand tu t’y mets » dit-il avec un sourire au coin. Dans tous les cas, il était temps pour les deux tourtereaux d’aller rejoindre Morphée. Jonah lui attrapa le bras pour l’attirer dans la chambre, s’installant comme chez lui, confortablement. La chaleur de ses bras lui fit le plus grand bien, il en lâcha un soupire. « Bonne nuit Yaël » dit-il avec un sourire au coin. Après ce baiser, il ferma les yeux et se laissa porter dans le sommeil.
Il passa une nuit douce et chaude, les bras de Yaël ont été une forteresse. Il se réveilla sous les grognements de son compagnon. Il ouvrit doucement les yeux, s’étendant légèrement. « bonjour yaya » dit-il d’une voix endormie. Il oublia presque qu’il venait d’utiliser un surnom intime. Il se retourna pour lui faire face, se logeant un peu plus contre son torse musclé. Il soupira d’aise et referma les yeux doucement. Il était bien installé dans ses bras musclés, il pourrait totalement se rendormir. « il est quelle heure ? » demanda-t-il d’une voix cassé, encore endormie.

Et nous voilà dans ma cuisine en train de parler d'animal de compagnie qui pourrait me ressembler, être aussi solitaire que son maître. Je ne sais pas pourquoi, malgré l'amusement de cet échange, j'éprouve une certaine peine pour ce chien imaginaire. Heureusement que Jonah termine bientôt sa pita, je peux enfin laisser la fatigue conquérir centimètre par centimètre mon corps, en commençant par mes yeux qui battent de temps à autre des cils. En le voyant faire la vaisselle, j'ai une douce envie de me lover à nouveau contre lui et de goûter à la peau chaude de son cou et de son épaule. L'effet est immédiat, le cocon, que l'on a construit toute à l'heure en faisant l'amour, réapparaît et nous enveloppe d'un linge voluptueux et confortable. J'essaye de le rassurer, contrairement à la dernière fois, afin que Jonah puisse dormir correctement cette nuit. Je le sais sensible aux mots doux à présent. Aux mots tout court. Alors je ne l'abandonne pas à ses doutes, je raffermis notre confiance et cloue le pacte d'un baiser humide mais tendre. « Peut-être que je le fais exprès. Il n'empêche que j'en pense pas moins. » Je réitère notre baiser, ne voulant pas m'en détacher, pour rien au monde. Mais la fatigue se fait à présent trop pesante et endigue nos deux corps sur le carrelage de la cuisine. Il est temps d'aller dormir et le brun m'entraîne dans la chambre avec simplicité. Je ne me force pas avec lui, ça vient naturellement. Dans le silence de la nuit, on se couche et je le prends instinctivement contre ma poitrine, dos à moi. C'est une position qui semble m'affecter particulièrement, comme si je le protège de ses démons, et lui des miens. « Bonne nuit. », je finis par lui chuchoter en l'embrassant une dernière fois et raffermissant notre étreinte sommeilleuse. L'instant est parfaitement tranquille et doux, je ferme les yeux et glisse facilement dans mes songes.
C'est la lueur du matin qui me réveille, me sort d'une enveloppe cotonneuse agréable, sentant encore le corps chaud de mon brun. Je ne contrôle pas ce ronronnement plaisant que je grogne contre sa nuque, tout en bougeant mes jambes et mes bras sur les siens. Putain, je me sens bien. « Jo... » Un putain de baume pour une âme abimée.

La pita était merveilleuse.
Son estomac a été plus que satisfait. Le barbu était réellement un cordon bleu, ça avait le don de lui faire le plus grand plaisir. Il est vrai que l’américain n’était pas simple à vivre, il avait des changements d’humeur et il lui arrivait d’être absent… il réfléchit trop, tout le monde le sait. Yaël l’a sûrement bien compris. « tu le verras de toi-même, j’espère que tu ne le regretteras pas » dit-il avec un sourire au coin. La fatigue apparut par un bâillement de son patron. Il se rendit compte qu’il était fatigué également, l’alcool tombait et il sait qu’il va dormir comme un roi.
Le petit pique lancé, l’américain lui fit un clin d’œil comme réponse, il savait que le futur chien de Yaël sera totalement comme lui. « moi, je dis que vous allez être les deux mêmes » dit-il avec un sourire au coin. La tendresse de Yaël lui fit le plus grand bien, détendant quelques muscles qu’il ne pensait pas tendu aux premiers abords. Il ferma les yeux doucement, approuvant de la tête doucement. « je vais m’endormir rapidement, c’est sûr » dit-il en laissant un sourire s’approché de lui.
Sa peau frissonna sous les baisers. Il le connaissait plutôt bien, il se tourna vers lui comme il le fit tourner. « oui, je ferai de mon mieux pour pas penser… je penserai juste à notre rendez-vous de demain et à mon petit-déjeuner royal au lit » dit-il amusé, il ne perdait pas le nord. Il eut un sourire, ses joues rosir à l’entendre dire qu’il l’aimait bien. Ça fit palpiter son organe, plus qu’il ne l’aurait cru. « je… arrête tu me fais rougir, tu le fais exprès » dit-il en grommelant. Lui aussi il l’aimait bien, sinon il ne serait pas là ce soir, c’est certain.
Il l’embrassa tendrement, passant ses bras autour de son cou. Un dernier baiser fougueux avant de rejoindre les draps froids du beau brun. Ils se détachèrent, doucement, restant proche tout de même. « allons dormir » il lui prit le bras comme la dernière fois et l’attira vers la chambre. Il retira le haut blanc et se glissa sous les draps en caleçon. Quand Yael se rejoint, il se colla contre son torse, position cuillère, idéal pour le sortir contre lui. Il était bien là, il se sentait à sa place.

Le compliment sorti de la bouche de Jonah me va droit au coeur et réchauffe ce dernier dans une bouffée épanouissante. Il me tarde de lui préparer à manger, et inversement quand l'envie lui prendra de passer chef en cuisine. Je n'ai pas encore eu le plaisir de goûter à un de ses plats, n'en laissant pas une miette dans le réfectoire, mais la vue et l'odorat de ses tupperware m'intriguaient beaucoup. Je me demande donc ce qu'il cache sous ses manches. En tout cas, il les cache bien, ce qui ne fait que monter ma curiosité et mon envie de le voir arpenter mon appartement pendant quelques temps. Ouai, je le regarde manger, et je me dis qu'il va bien avec le décor, qu'il est à sa place ici. Ça me fout le palpitant en émoi. On m'aurait expliqué l'effet qu'a sur moi le brun il y a deux semaines de cela, j'en aurais ri au nez et à la barbe. « J'ai hâte de découvrir ça. » Ça ne sert plus à rien de se cacher, de rester renfermer sous un masque qui n'est pas le mien. Après ce soir, après cette semaine passé en enfer, après nos deux étreinte charnelle, j'abandonne mes armes et mes peurs, je laisse le confort d'avoir Jonah chez moi, près de moi, prendre place.
Le jeune homme apporte une chaleur que je ne trouvais pas sans lui. C'est vachement épanouissant et j'espère que cette nuit sera semblable à celle qu'on a partagé la dernière fois. A la différence que je ne lâcherai pas mon brun cette fois, je ne le laisserai pas filer dans ses sombres pensées. Sa pique me fait sourire, je l'accepte avec amusement. « Le pauvre chien, il serait bien malheureux de m'avoir comme maître. » La vérité me fait soupirer et engendre le début d'un bâillement que j'étouffe comme je peux. J'attends que Jonah termine son assiette et la lave dans l'évier pour venir l'embêter dans son dos, glissant mes menottes sur ses hanches et son ventre, calant nos deux corps l'un contre l'autre et rapprochant nos deux têtes hirsutes. Je le berce un peu, inconsciemment, et lâche un grognement affectueux avant de dévorer sa mâchoire de mes lèvres. « J'espère que t'as sommeil. » Mes lippes rejoignes son épaule dans lequel j'enfouis mon nez. « Je veux t'avoir contre moi, comme la dernière fois. Mais cette fois, tu ne t'en fais pas pour nous, d'accord ? » Une fois qu'il a terminé, je le fais tourner pour l'avoir face à moi, nos prunelles enfin rassemblées. « Parce que je t'aime bien Jonah, comme tu es. Je suis bien avec toi. » L'aveu vient simplement avec lui. Peut-être parce qu'on a partagé une engueulade et qu'on s'est révélé nos quatre vérités. Je suis quand même arrivé à le traiter de "petit con". En y repensant, ça me fait rire, mais je le sais sensible, alors je dépose un baiser sur ses demies lunes au lieu de sourire. Je lui fais comprendre qu'il peut me faire confiance. Ce ne sera pas facile, tous les jours, mais je vais faire de gros efforts pour ne plus le peiner. Ce soir, contre cette évier, nos lèvres et nos langues se mariant ensemble, je signe un premier pacte.

Son estomac l’appelait.
La pita était délicieuse, répondant totalement aux attentes de ses papilles. L’américain en devenait presque silencieux, bien trop occupé à remplir son estomac. « c’est délicieux, tu es un vrai cordon bleu » dit-il avec un sourire au coin. Il la finit vite d’ailleurs cette pita, au point qu’il en oublia de se ressuyer la bouche. Yaël s’en chargea avec son regard lubrique, rempli de sous-entendu qui lui donna des frissons. Il ressemblait à un prédateur par moment. « Je suis supportable, tu verras par toi-même si c’est réel le cas » après tout, il n’est pas là depuis longtemps. Il a encore plein de chose à lui montrer, s’il digne le faire un jour.
Il se ressuya la bouche en prenant un bout de sopalin, préférant s’assurer qu’il n’avait plus rien. L’appartement était pas mal grand, c’est sûrement pour ça qu’il s’y sentait seul. C’était silencieux. Jonah vivait en colocation, il a vécu avec ses deux exs. Malgré son besoin de solitude, il aimait être entouré même si ce n’est pas dans la même pièce. « Tu n’as qu’à prendre un chien, ça te tiendra compagnie à la ferme mais également ici. » dit-il en lui faisant un clin d’œil, il le taquinait bien sûr.

Le Yin et le Yang. Le Yin sans alcool, le Yang avec, c'est facile. Il me faudra l'éloigner le plus possible de toute bouteille incriminante. Blague à part, voilà mr l'impatient servi dont les yeux sont rivés sur le sandwich grec qui n'attend que le fond de son estomac. En attendant, je peux apprécier avec amusement le haut blanc qu'a revêtu Jonah. Il est trop grand pour lui, il nage dedans, mais ça le rend encore plus mignon. Le savoir dans mon t-shirt m'élance le coeur et je dois me redresser et tousser pour reprendre contenance. « Hum, alors ça te plait ? » Histoire de savoir s'il ne regrette pas de rester ici. Puis, j'enchaîne sur une petite remarque, n'étant pas vraiment fan des silences. Le brun mord facilement l'hameçon et réplique avec un haussement de sourcils qui me rend le sourire et en même temps me déstabilise intérieurement. Est-ce que cette idée me va ? Habituellement, je suis rapidement lassée de la présence d'une personne chez moi, surtout un partenaire. Mais pour l'instant, je ne regrette pas, j'ai même envie qu'il reste jusqu'au matin. Mes doigts blanchissent contre le plan de table. « Ça va, t'es supportable pour l'instant. », je finis par lâcher, toujours dans l'esprit de la rigolade et de la provocation, petit clin d'oeil à l'appui. Je remarque rapidement la sauce sur le coin de ses lèvres et tends alors le bras pour la retirer du bout du pouce.  « Attend une seconde, tu t'en es mis partout. » Je le remonte jusqu'à ma bouche pour l'y sucer, le regard devenant lubrique sans que je ne puisse le contrôler. Pourquoi faut-il que je vois le mal en tout ? Délicieux mal. « En vrai, c'est un peu vide parfois ici, quand je rentre de la ferme. Et c'est froid aussi. Donc, t'es le bienvenue. », j'aime mieux préciser pour ne pas le laisser dans le flou. La dernière fois que je l'ai fais, je l'ai amèrement regretté.

Diablotin.
C’est un peu cela en effet, Jonah est tout sauf prévisible tellement il peut être nonchalant par moment. Il y a que l’alcool qui le rend un peu plus humain. Peut-être que Yaël arrivera à remettre de la lumière dans sa vie. Il le savait l’américain, son patron aura une place importante dans sa vie… Il faut juste que ça soit positivement. « un peu comme le Ying et le Yang » a lui tout seul, au lieu que ça soit deux personnes bien distinctes.
Finalement la douche se termina après plusieurs caresses, baisers et autres gestes tendres. Jonah n’aurait jamais cru se retrouver dans une situation aussi intime avec son patron.
Son cœur en loupa un battement, le stress monta mais il reprit la main. Il lui demanda où était son caleçon, en imaginant qu’il ne l’avait pas mis à la poubelle. Chose qu’il n’a pas fait. « je vais fouillé, je vais en profiter pour te prendre quelques vêtements » parce qu’il n’allait pas rester en caleçon. « va pour la pita, merci patron » dit-il avec un sourire au coin. Il sursauta quand il reçut la claque au cul, mais il n’en broncha pas pour autant. L’américain s’aventura dans l’intimité du brun, il chercha son caleçon, tombant parfois sur des jouets qui le firent rougir. Il finit par le trouver, ainsi qu’un haut blanc large qui sera sûrement trop grand pour lui. Ca lui ira pour ce soir.
Il s’habilla rapidement et retourna dans la cuisine qu’il a vaguement vu en arrivant. « tu es adorable merci, ça sent divinement bon » et il crevait de faim. Il lui sourit avant de s’installer pour commencer à manger tranquillement. Cela lui fit le plus grand bien, lui qui avait une faim de loup après cette partie de jambe en l’air et le trop plein d’alcool. « J’espère bien devenir un habitué de ses lieux. Ça te ferait plaisir non ? » dit-il en arquant un sourcil. Il reprit une bouchée par la suite, c’était fabuleux sans aucun doute. Il la finit rapidement sa pita, mangeant presque comme un goret, laissant un peu de sauce blanche sur son coin de bouche.