392 résultats trouvés pour 2

Comme deux vulgaires étrangères. Une discussion anodine que pourrait avoir deux inconnues qui se rencontrent pour la première fois. Ouais c'est un peu à ça que ça ressemble. Et pourtant, c'est loin d'être le cas. Dylan ne sera jamais une inconnue à mes yeux. Malgré tout ce que je peux essayer de dire pour tenter de m'en persuader, je crois qu'on ne peut jamais oublier son véritable premier amour. Et c'est ce que la jeune femme a été pour moi. Que je le veuille ou non, c'est là. Quelque part à l'intérieur de moi, au fond de mon âme. Je lance la conversation sur un sujet neutre ; son boulot. Je ne sais même pas quoi dire d'autre en fait, c'est vraiment trop bizarre. « Ouais c’est calme. Ça veut pas dire que je vais pas être amenée à partir à n’importe quel moment, mais je croise les doigts pour que ça reste calme. » Je souris un peu pour moi-même sans m'empêcher de penser à l'éventualité qu'on puisse être interrompues par l'alarme. Qui sait, ça serait peut-être pas si mal finalement ? Au moins ça nous obligerait à mettre un terme à ce moment... plus qu'étrange. Mais d'un autre côté je ne l'espère pas réellement. Quelque chose me pousse inconsciemment à vouloir rester encore un peu avec elle. C'est mal mais c'est plus fort que moi. Comme je ne sais pas vraiment pourquoi je mentionne Portland. Mais mon coeur se serre dans ma poitrine à cette idée. Parce que c'était notre ville, notre ancienne vie. « Oui, très. J’ai plus de responsabilités ici. Je suis Lieutenant, je dirige un groupe. C’est pour ça que je suis venue à L.A. » Je hoche un peu la tête avant de m’asseoir. « On sera tranquilles ici, je vais nous chercher à boire, je reviens. » Pendant son absence, je ne peux m'empêcher de me sentir un peu bête. A quoi ça rime tout ça finalement ? J'ai l'impression de me faire plus de mal que de bien à rester là. Je dois être un peu sadomaso sur les bords, c'est pas possible autrement. C'était beaucoup plus facile pour moi de ne pas la savoir à L.A. De surtout ne jamais avoir à la revoir. « Tiens. J’ai misé sur une valeur sûre… » Je prends le verre qu'elle me tend dans un petit sourire en la remerciant. « Tu es toujours dans la déco ? » Ça a toujours été mon univers, une évidence. Elle le sait mieux que personne. « Oui, toujours. » Un large sourire s'affiche instinctivement sur mes lèvres. Je crois que j'ai toujours des étoiles dans les yeux quand je parle de mon métier. Je me sais chanceuse, ce n'est pas donné à tout le monde d'avoir la chance de vivre de son rêve. « J'ai réussi à monter ma boîte de déco il y a maintenant trois ans. » C'est quand même une grande fierté pour moi. Une preuve de réussite aussi. « Ça marche plutôt bien, je suis contente. Je crois que je n'ai pas trop à me plaindre de ce côté-là. » Professionnellement parlant du moins. Le reste, c'est une autre histoire. Et du coup elle est bien placée pour le savoir. « Pour le reste, faut croire que t'es déjà au courant. » Ajoutais-je dans une grimace un peu inconsciente. C'était peut-être pas la chose à dire là, tout de suite. Le sujet à ne surtout pas aborder. Mais après le sujet du boulot vient forcément la vie personnelle. C'est un raccourci un peu automatique, peut-être trop d'ailleurs. Et je crois que j'aurais dû me taire. Surtout rien rajouter de plus. « Et toi t'es célibataire ou tu fais aussi cocue à ta copine ? » Mais c'est sorti tout seul sans que je puisse réellement le contrôler. Merde alors. Je sais même pas pourquoi je lui pose la question en fait, ça ne devrait pas m'intéresser de savoir. « Pardon, je... » Et voilà le malaise.

Je sais même plus ce que je fous là. Pourquoi j'ai décidé de faire le tour de toutes les casernes de la ville pour venir la retrouver ? Pour un simple et stupide chapeau ? Ouais ça tient pas vraiment la route, on est d'accord. Et c'est justement ça le problème. Je crois que je suis en train de me voiler la face et ça me fait peur. En réalité je suis terrifiée par tout les sentiments contradictoires qui me traversent le coeur depuis que nos chemins se sont recroisés dans ce bar. Je sais que je devrais pourtant y rester indifférente mais c'est quelque chose que je ne contrôle pas. Dylan a toujours été ma plus grande faiblesse. « Ouais. C’est gentil de ta part. » J'ai l'impression que ma présence ici l'a surprend encore plus qu'elle ne me surprend moi-même. C'est vraiment bizarre comme situation. On est toutes les deux un peu gênée, ça nous ressemble pas. « Merci. » Dylan récupère le chapeau, et nos mains se frôlent malgré moi.  « Bref. C’est sympa. » Il y a comme une espèce de tension plus ou moins palpable dans l'atmosphère, c'en est troublant. Je crois que je préférais de loin lui déverser ma haine en plein visage, au moins c'était plus facile pour moi. « Tu m’as trouvé comment ? Y’en a quelques unes des casernes à L.A. » Non, ça ne fait pas stalkeuse sur les bords. Pas du tout. « Complètement au hasard à vrai dire. » Je hausse les épaules l'air faussement détaché. « C'était la deuxième caserne où je tentais ma chance. » Ajoutais-je dans un petit sourire. « D'ailleurs ton collègue a l'air... » J'hésite un instant avant d'ajouter. « plutôt amusant. » Ouais c'est le seul mot qui me vient à l'esprit sur le moment. Disons que ça a l'air d'être un sacré phénomène quand même. Sa réaction de tout à l'heure en dit long sur son humour un peu potache. Il ne m'en faut pas plus pour réussir à cerner un minimum le personnage. « Je veux pas te faire perdre ton temps, mais euh… tu… tu veux boire quelque chose ? » Je relève les yeux dans sa direction un peu surprise. Elle est vraiment en train de me proposer un verre ? « Euh... » Ma voix s'enraille, mes mains devenant légèrement moites. « Si tu veux, pourquoi pas. » Non mais je suis conne ou quoi ? Pourquoi je ne peux tout simplement pas lui dire non ? Il y a vraiment quelque chose qui ne tourne pas rond chez moi, c'est pas possible autrement. Je me déteste. « Alors c'est calme aujourd'hui ? » Ouais je sais pas pourquoi je tente de faire la conversation, c'est débile putain. Mais je me sens terriblement conne, là, comme ça, devant elle. J'ai l'impression d'être une ado de douze ans qui ne sait pas comment se comporter avec son ex. Bah ouais c'est ça en fait. « Ça doit être pas mal différent de Portland ici quand même ? » Parler de Portland n'est peut-être pas une si bonne idée... parce que Portland c'est elle, c'est nous. Et ça me ramène tout droit à notre relation passée. Je crois que j'ai pas besoin de ça.

Mon regard alterne à plusieurs reprises entre mon écran de téléphone portable et le chapeau qui se trouve sur le coin de la table. Ce chapeau même que Blake a oublié la dernière fois au bar. Pourquoi ne l'ai-je tout simplement pas laissé là-bas ? Ça aurait été plus simple finalement. J'aurais pas eu besoin de me torturer l'esprit pendant des heures pour savoir ce que je dois en faire. C'est ça le problème maintenant, ça tourne en boucle dans mon esprit. Plusieurs options s'offrent à moi. La première - et sans doute la meilleure de toutes ; m'en débarrasser. Le jeter dans une vulgaire poubelle de la ville et ne plus jamais y penser. Après tout, qu'est-ce que ça peut me foutre au juste ? Ouais mais non... ça serait trop beau, trop simple surtout. Au lieu de ça, ça fait des jours qu'il est là, posé au même endroit, et je suis incapable de le jeter. Au contraire, je passe devant à longueur de journée sans pouvoir m'empêcher de le regarder. D'y penser aussi. Je crois que ces histoires de retrouvailles m'ont foutu le coeur en vrac. La deuxième option ; lui renvoyer un message via l'application. Un simple message pour la prévenir qu'elle a oublié son chapeau. Enfin un truc débile dans le genre quoi, rien de plus anodin en soit. Mais je ne suis même pas sûre qu'elle me réponde après le coup tordu que je lui ai fais. D'ailleurs c'est complètement con, pourquoi devrais-je attendre une réponse de sa part ? Je m'en fous royalement en fait. Au pire c'est qu'un chapeau hein. Et pourtant je m'accroche déraisonnablement à ce foutu détail. Comme si c'était le seul moyen de garder une infime connexion avec elle. Putain mais qu'est-ce qui ne tourne pas rond chez moi ? La troisième option est finalement celle que je décide de choisir sur un coup de tête ; aller directement la voir. Je ne sais pas exactement ce qui se passe dans ma tête pour faire ça, et en réalité je ne cherche même pas à comprendre. Plus vite cette histoire sera terminée, mieux ça sera. Ouais on va dire ça. Je sais par son profil sur l'application que Dylan est pompier maintenant. Il me suffit juste de trouver la bonne caserne. Après un premier échec, je retente ma chance en me rendant à la caserne du quartier des affaires. « Je cherche une certaine Dylan Nichols, est-ce qu'elle travaille ici ? » Le jeune homme me reluque des pieds à la tête avant de lancer. « Tiens, tiens mais c'est qu'elle en a de la chance notre Lieutenant. » J'esquisse un sourire un brin gêné, mais satisfaite d'en conclure que cette fois-ci j'ai touché juste. « J'ai besoin de lui parler. » Il me fait patienter dehors pendant qu'il va la chercher. Je tourne un peu en rond, fais quelques pas à droite et à gauche alors qu'une boule d'angoisse s'installe au fond de ma gorge. Putain mais qu'est-ce qu'il m'a pris de venir jusqu'ici ? Je la vois finalement sortir du garage et mon coeur s'emballe. « Salut. » Ça y est, c'est bizarre. « Il paraît que t’es venue me voir. » Je hoche un peu la tête un peu mal à l'aise. En réalité je n'ai pas réfléchi à ce que je pourrais bien lui dire une fois le moment venu. « Que me vaut cette visite ? » Ma main vient alors agripper son chapeau que j'extirpe rapidement de mon sac à main. « Tu l'as oublié la dernière fois au bar. » Je lui montre fièrement en l'agitant entre mes doigts. « Bon c'était soit ça, soit je le brûlais. » Lançais-je sur le ton de la plaisanterie. Une tentative pour détendre l'atmosphère plutôt maladroite. « Mais comme je sais à quel point tu tiens à ta collection... » Un léger rire nerveux s'échappe d'entre mes lèvres. « Je ne voulais pas être responsable de ce drame. » C'est moi ou c'est affreusement débile comme raison ?

Mon ancienne meilleure amie respecte mon choix et je change radicalement de sujet pour parler de sa vie amoureuse. Bah quoi ? C'est un sujet comme un autre. Un sujet qui m'intéresse peut-être un poil plus que les autres j'en suis consciente. Et c'est justement ça le problème. « Oui, je suis célibataire. Tu as vu juste. » Pourquoi suis-je aussi contente de le savoir ? Je sais pas mais ça me soulage de savoir qu'elle n'a personne dans sa vie, dans son coeur. Comme si je n'aurais pas pu supporter le contraire. Comme si je voulais inconsciemment qu'une ouverture reste possible. Que Brooke soit toujours ma Brooke à moi, la mienne. Et à personne d'autre. Merde je crois que mon cerveau est en train de dérailler sévère là. « C'est une bonne chose. » Merde, c'est sorti tout seul. Avant même que je puisse avoir conscience que les mots étaient sortis de mes lèvres. Je grimace mal à l'aise avant de tenter un espèce de rattrapage maladroit. « Enfin non... enfin... j'veux dire pour la colocation. Au moins je n'aurais pas à devoir tenir la chandelle ou quoi que ce soit. » Ouais ok, c'est pas crédible. Fallon, tais-toi. L'alcool me fait dire que des conneries, y'a plus aucun filtre et c'est pas bon pour moi. Par pitié, faites que ça soit passé inaperçu. Heureusement Brooke n'en fait pas cas et me questionne à son tour. « Et toi ? Tu es célibataire ? » C'est légitime de me retourner la question. « Je suppose que oui, sinon tu n’aurais pas cherché de colocataire. Tu serais allée habiter chez ton chéri » C'est logique en soit. Même si j'ai vraiment une tête à habiter avec un mec ? Mon dieu non. Trop de problèmes. « Et oui, célibataire et fière de l'être. » Je lève les bras au ciel comme si j'avais une illumination. « Pas d'attachement, pas d'emmerdes. » Ajoutais-je en rigolant. L'amour c'est pour les faibles. Je n'ai jamais cru à toutes ces conneries et ce n'est pas prêt d'en changer. Il n'y a rien de mieux que le célibat, synonyme de liberté. C'est la vie, le bonheur. Je crois que de toute manière la vie de couple n'est pas faite pour moi. Je suis un électron libre, sans attache, sans barrière. Je ne supporterais pas de devoir rendre des comptes à qui que ce soit. Je suis comme ça, je l'ai toujours été. « Je prends seulement les avantages de chacune de mes relations. Les contraintes très peu pour moi, tu me connais. » Elle me connait mieux que quiconque après tout. Et sur ce point là encore, je n'ai pas changé. Même si à l'époque nous n'étions pas forcément sur la même longueur d'onde elle et moi. Brooke a toujours eu ce côté un peu trop rêveuse et romantique que je n'ai jamais vraiment réussi à comprendre. Mais peut-être a-t-elle ouvert les yeux finalement ?

Mon cerveau prend un malin plaisir à me jouer des tours, à tel point que je commence doucement à me perdre entre le rêve et la réalité. La frontière de ces deux univers me parait tellement fine que je ne sais plus vraiment à quoi m'en tenir. Est-ce que je suis en train de perdre pied ? Très certainement. L'émotion du moment, l'intensité des sentiments de mon petit-ami ne me donnent pourtant aucune raison de douter. Mais c'est plus fort que moi. Comme une force incontrôlable impossible à arrêter. « Moi aussi je t'aime. » Les secondes s'égrainent et je sens la situation me filer entre les doigts. Ça me dépasse complètement et je ne sais même plus ce que je dois faire. Tout arrêter quitte à lui faire du mal et prendre le risque de le perdre ? J'en suis foutrement incapable. Et de toute évidence je ne suis pas encore prête à renoncer définitivement à lui. Alors je me laisse aller, ses baisers glissant jusqu'à mon cou, ses mains caressant ma peau sous la chaleur de l'eau. Je ferme de nouveau les yeux, penchant légèrement la tête en arrière. J'essaye de me concentrer uniquement sur le moment. Sur lui, sur nous. Pour chasser toutes les autres pensées de mon esprit. « J'ai très envie de toi mais je ne veux pas te forcer. » De toute évidence la passion de ses baisers a déjà commencé à le trahir. Disons que c'est dans la suite logique des choses, dans la continuité même de notre relation. Et son côté à la fois doux, prévenant et attentionné me pousse à le laisser continuer. « Ne t'inquiètes pas, tu ne me forces pas du tout. » Je lui souris un peu timidement avant d'ajouter. « Je crois que j'en ai envie moi aussi. » Je mesure mes propos parce que c'est encore tout nouveau pour moi, et que je ne sais pas exactement où j'en suis dans ma tête. Surtout quand on sait ce qu'il s'est passé avec Kai à l'autre bout du monde. Merde non, ça, ça n'a jamais existé... surtout pas. Je ne dois pas y penser, pas maintenant. Mais alors pourquoi c'est toujours dans un foutu coin de ma tête aussi ? Fais chier. Je chasse à tout prix son visage de mon esprit alors que je viens de nouveau m'emparer des lèvres de mon petit-ami. Je reste un peu sur la réserve pour le moment ne sachant pas exactement comment m'y prendre. C'est à lui de prendre les rennes et de me guider pour la suite.

Sa question me décontenance plus que je ne le devrais. Parce que ça fait remonter en moi trop de mauvais souvenirs. La mort de ma mère, mes conflits avec mon père. Elle aussi. Ce pourquoi j'ai pris peur il y a de ça cinq ans. Tous les sentiments que j'ai laissé enfoui au plus profond de mon être. Mais si d'habitude la colère se serait emparée de moi en guise de protection, là c'est différent. Peut-être à cause de l'alcool, je sais pas. Ou de cette nouvelle proximité qui ne me laisse pas indifférente. Dans tous les cas je ne me reconnais pas, je ne me reconnais plus. « Je ferai en sorte de ne pas trop m’afficher quand je ramènerai quelqu’un à la maison. » Je suis surprise, elle a l'air d'une manière ou d'une autre de vouloir essayer de me préserver. « Tu sais, même si toi tu ne respectes pas complètement mes choix, de mon côté je respecte ton opinion et ta position sur le sujet. Surtout avec … » Mon visage se fige, une grimace sur les lèvres. Je sais sur quel sujet elle est en train d'aller, et ça risque de ne pas me plaire. Je ne veux pas parler de ça, surtout pas. C'est là l'un de mes plus gros points faibles. Le sujet qui me fait le plus de mal. Malgré les années, rien n'a véritablement changé. J'ai mal et mon cœur en saigne encore. « Enfin tu sais quoi... avec tes parents. » Je secoue vivement la tête tout en fuyant son regard. Ma mâchoire se crispe et mon corps tout entier se raidit. Mais contre toute attente, je ne m'énerve pas. Je tente de garder le contrôle de moi-même. « Je préfère pas en parler. » Au moins c'est clair. Simple et efficace. Je ne suis pas encore prête à aborder le sujet. C'est quelque chose dont je ne parle pas, jamais. Et même si Brooke n'a rien d'une étrangère à mes yeux, c'est encore trop difficile pour moi. Je change rapidement de sujet pour ne pas créer un certain malaise. « Du coup ça veut dire que tu es célibataire ? » Merde. Les mots se sont déliés de mes lèvres sans que je puisse les contrôler. Pourquoi je lui pose cette question ? Pourquoi ça m'intéresserait de savoir si elle a quelqu'un dans sa vie ou si elle est célibataire ? Non, mais rien ne va plus chez moi. Je secoue un peu la tête en me mordant la lèvre. « Non je dis ça parce que tu as employé le futur pour en parler. » Et non le présent, et ça c'est important. Bizarrement quelque chose me pousse à me sentir quelque peu soulagée de le savoir. Même si je préfère éviter d'en prendre conscience. Je me renseigne sur la vie de ma colocataire, rien de plus. Oui, on va dire ça. « Mais peut-être que je me trompe... » J'espère secrètement qu'elle va me le confirmer.

L'alcool qui coule encore dans mon sang m'évite de trop réfléchir. Mais c'est dangereux aussi. On ne sait jamais ce qu'il peut se passer... ça serait quand même un peu con de laisser tomber la carapace que je m'efforce de garder au quotidien. Et je déteste la sensation d'être potentiellement vulnérable. Ça me fout le coeur en vrac, les pensées sans dessus dessous. Et puis il y a Brooke aussi. Juste là, près de moi. Et ça me ramène cinq ans en arrière. Dans un passé que je pensais totalement oublié. Mais faut croire que non. Non, je n'ai rien oublié. Absolument rien. Tous ces sentiments refoulés, enfermés dans une boîte à double tour... ils sont toujours là. Au plus profond de mon être. Je le sens, je le sais. Quand mon coeur se met à battre un peu plus vite que d'habitude, quand mon ventre se serre à l'intérieur. Quand elle est là, et que je suis avec elle. Merde alors. Je secoue un peu la tête avant de fermer les yeux un instant, la main toujours ancrée dans celle de ma colocataire. Ce contact me fait du bien - un peu trop d'ailleurs, et quelques minutes suffisent pour que je me sente mieux. Apaisée. Elle a toujours eu ce pouvoir sur moi. Je me laisse bercer par ce silence qui se veut réparateur. Comme si tous nos maux s'étaient envolés. A jamais. Mais la voix de Brooke me sort brusquement de mes pensées. « Tu sais on n’a jamais parlé de ce fameux jour. » Aie, non, pas ça. Je reste les yeux clos, la mâchoire qui se serre légèrement entre mes lèvres. Je n'ai pas envie de penser à ce fameux jour de l'enterrement de ma mère. Non surtout pas. Trop de mauvais souvenirs qui remontent brusquement à la surface. « Mais maintenant c’est du passé, je voudrais savoir si tu as changé d’état d’esprit ? » Je ne réagis toujours pas, incapable de dire quoi que ce soit. Ce jour là, je l'ai rejeté comme j'ai pu rejeter mon père. Sous le coup de la colère, des mots très durs ont été prononcés. Des insultes homophobes à son égard. Du dégoût, de la haine. De la honte aussi. « Si je ramène une fille à la maison, comment tu vas réagir ? » Non, je n'ai pas changé d'état d'esprit. C'est à cause de mon père homo que ma mère s'est donnée la mort. Comment voulez-vous que je change d'esprit par rapport à ça ? C'en est trop pour moi. Et c'est surtout plus simple de me faire passer pour une homophobe que d'admettre la potentielle vérité. Ô grand jamais. J'ouvre à nouveau les yeux, lâchant inconsciemment sa main. « Brooke, je... » Je peine à trouver mes mots, la gorge un peu sèche. « Tu fais ce que tu veux de ta vie. » Je suis personne pour l'en juger. « Et t'es chez toi quand même, tu peux ramener qui tu veux. » Je m'arrête un instant avant d'ajouter. « Fille ou garçon. » Ça m'arrache un peu la gueule de dire ça mais je n'ai pas envie de tout foutre en l'air entre nous. Pas encore. Même si je suis consciente de n'avoir pas totalement répondu à sa question. Reste à savoir si elle s'en contentera. C'est en tout cas tout ce que je peux faire de mieux pour l'instant.

La colère de ma colocataire ne semble pas se dissiper. Bon ok, je viens de foutre en l'air sa nuit de sommeil mais je me suis quand même excusée, c'est déjà pas mal en soit. Ça devrait même tout pardonner non ? Surtout quand on sait à quel point c'est rare d'obtenir des excuses de ma part. Je ne suis pas du genre à ravaler ma fierté d'habitude, mais bon. Faut dire que je ne suis pas vraiment en bonne position pour me la ramener sur ce coup là. Ouais, tais-toi Fallon. C'est pas le moment d'aggraver ton cas. Je ne réplique pas et me concentre pour tenter une approche jusqu'à l'escalier. De toute évidence c'est le cul par terre que je constate rapidement mon échec. J'ai clairement un peu trop surévalué mes capacités. Allez, try again. Brooke me regarde et pour être honnête j'ai un peu honte d'être dans cet état devant elle. Bah quoi ? Je dois avoir l'air minable comme ça, et autant ne pas lui donner plus de crédit pour qu'elle puisse s'en amuser pour prendre l'avantage sur moi par la suite. Mais finalement elle se rapproche pour me venir en aide. « Allez, accroche toi à mon cou, je vais t’aider. » Elle passe son bras autour de ma taille pour m'aider à me relever alors que je m'accroche tant bien que mal à son cou. Cette proximité me rend toute bizarre. Je ne sais pas si c'est l'alcool ou si c'est autre chose mais je me surprends à l'apprécier plus que de raison. Merde, qu'est-ce qui ne va pas chez moi ? « Vas-y installe toi, je reviens tout de suite. » Je m'affale dans le canapé comme une merde alors que Brooke s'éclipse du salon. Elle revient avec une couverture et un seau. Je reconnais là toute sa bienveillance, et je ne peux m'empêcher de sourire un peu bêtement. Je suis définitivement pas dans mon état normal. « Je te mets un seau là, au cas où…» Elle prend soin de déplier la couverture pour me recouvrir alors que je me surprends alors à attraper sa main. « Merci Brooke. » Je plonge mon regard dans le sien, plus sincère que jamais. L'alcool me fait devenir beaucoup plus mielleuse que d'habitude, c'est dingue. Ou alors c'est la présence de mon ancienne meilleure amie qui me chamboule un peu le cerveau... je sais pas, je sais plus. En réalité je n'ai pas envie de savoir ce qu'il en est vraiment. Je ne lâche toujours pas sa main sans même en avoir conscience. « Est-ce que ça te dérange de rester un peu ? » Je sais que j'abuse clairement de sa gentillesse mais c'est plus fort que moi. Tout ça me rend un peu trop nostalgique de l'ancien temps. D'elle et moi, de nous. De notre complicité d'antan. Quand tout était encore si simple entre nous. Quand nous étions aussi soudées que les doigts d'une main. Si seulement.

Je profite de ce repas en tête à tête pour essayer de me reconnecter à lui. Tout faire pour retrouver notre complicité d'avant, notre affection et nos sentiments mutuels. Tenter de préserver notre couple à tout prix, notre amitié aussi. L'un ne va plus sans l'autre maintenant. Et finalement je me surprends à me laisser un peu aller. A ne plus trop culpabiliser de ce qui a pu se passer à l'autre bout du monde. C'est difficile de complètement faire abstraction de tout ça, mais essayer de faire avec, ça, c'est envisageable. Le repas terminé, nous regagnons notre chambre pour prolonger la soirée et profiter plus intimement de nos retrouvailles. J'enfile alors mon maillot de bain dans la salle de bains avant de rejoindre mon petit-ami dans le jacuzzi. « C'est la première fois que j'ai le droit à ce genre de luxe. Un jacuzzi dans la chambre rien que pour nous, si c'est pas le rêve ça. » Un large sourire se dessine sur mes lèvres alors que je profite de la chaleur de l'eau sur mon corps pour me rapprocher de lui pour l'embrasser. Je ferme les yeux et contre toute attente c'est le visage de ma demi-soeur qui apparaît dans mon esprit lorsque mes lèvres viennent s'emparer de celles de mon petit-ami. C'est peut-être con - un peu malsain même, mais c'est quelque chose que je n'arrive pas à contrôler. Quelque chose qui me bouleverse le coeur tout entier, qui déboule bien au-delà du plus profond de mon être. Une force extérieure à laquelle il est impossible de lutter. Je crois que toute cette histoire me dépasse depuis bien trop longtemps déjà. « Je t'aime. » Le mot magique prononcé d'entre mes lèvres dans un demi-souffle suffisamment audible. Mais finalement je ne sais même plus à qui ce dernier est-il destiné ? Wyatt ? Kai ? Je me noie, je me perds dans un flot de sentiments incontrôlés. Je devrais tout arrêter, là, maintenant, avant que ça ne dérape complètement mais je n'en ai pas le courage. Je n'ai pas la force ni l'envie de tout briser. Pas maintenant.

Le temps défile à une allure folle depuis que mon âme soeur et moi nous sommes retrouvés. Elle m'a manqué, j'en suis maintenant sûr et certain, ce sentiment est réel, il n'y a aucun doute à avoir là-dessus. J'espère seulement que Kezia ressent la même chose pour moi, à la même hauteur, qu'elle ne m'aime pas moins que j'aime l'aime à cet instant T. Je ne le saurai sans doute jamais mais je croise les doigts.... C'est la première fois que je me sens aussi ému... C'est étrange, douloureux mais paradoxalement ça fait aussi du bien de sentir son cœur battre pour une tiers personne...

''Ca me fait plaisir de l'entendre... Et ca me rassure...'' ajoutais-je en souriant également. Mes doigts ne lâchent pas les siens, je ne veux pas perdre ce contact qu'il y a entre nous deux. La douceur de sa peau me fait beaucoup de bien tout comme les mots que la demoiselle prononce à mon égard. Je suis une nouvelle fous touché en plein cœur à croire que Cupidon est en train de lancer plusieurs flèches invisibles d'un seul coup. ''Oui, on vaut beaucoup mieux que ça... Il faut qu'on se préserve des parasites...'' En gros de l'autre pétasse de Battagia. ''A notre amour. A notre couple.'' soulignais-je pour appuyer encore une nouvelle fois la force de mes sentiments àn égard.


Nous dégustons l’apéritif et le repas en évoquant de nombreux souvenirs, cela nous fait du bien, cela nous fait rire, nos plaisanteries semblent chasser l'orage qui se trouvait au dessus de nos têtes il y a encore quelques jours. ''On monte ? J'ai très envie de tester la bain à bulle.'' Ayant l'accord de la demoiselle nous quittons notre table pour retrouver notre petit coin de paradis.

Et merde, il ne manquait plus que ça. Le bruit strident de l'alarme me défonce les oreilles. La tête entre les mains, j'essaye de me concentrer du mieux possible pour me souvenir du code... mais rien. Je tente de me remémorer la scène où Brooke m'a expliqué le fonctionnement de l'alarme. Mais mes souvenirs sont aussi troubles que ma vision actuelle. Autant dire que je ne vais pas aller bien loin avec ça. Il ne faut d'ailleurs pas plus de temps pour que la jeune femme débarque dans l'entrée de la maison. Et à en voir son regard, je ne mène pas large. Je crois qu'elle est un peu - beaucoup - énervée. Elle éteint finalement l'alarme et un soupir de soulagement s'échappe d'entre mes lèvres. Une minute de plus et je crois que ma tête allait exploser. « C’est pas possible Fallon ! Tu le fais exprès. » Le pire c'est que j'aurais très bien pu le faire exprès oui. Mais même pas. Pour une fois que je ne voulais pas spécialement me faire remarquer, c'est raté. Je crois que je pourrais remporter l'oscar de la maladresse à moi toute seule. Bien joué Fallon. « Tu penses vraiment qu’à ta gueule. » Brooke est vraiment en colère contre moi. En même temps ce n'est jamais agréable de se faire réveiller comme ça en plein milieu de la nuit. « Tu veux bien arrêter de crier s'il-te-plait. » Ma tête me fait un mal de chien, j'ai l'impression d'avoir un pivert dans le crâne. « Je... je suis désolée... je ne voulais pas te réveiller. » Je sais très bien qu'aucune excuse ne pourra rattraper les dégâts que je viens de faire mais quand même. « Allez, va te coucher. » Demain est un autre jour. Qui sait, Brooke aura peut-être tout oublié à son réveil. Bien sur, on y croit. Elle tourne finalement les talons alors que je tente de m'agripper contre le mur pour avancer à tâtons jusqu'à l'escalier. Mais je me retrouve rapidement par terre incapable de faire un pas de plus. « Et merde. » Brooke se retourne vers moi, exaspérée. « C'est rien, tout va bien. Tout est sous-contrôle. » De toute évidence c'est loin d'être le cas. Je désigne l'escalier de l'étage d'un signe de main avant d'ajouter. « Je vais y arriver, on y croit. » Il n'est pas difficile de comprendre que je ne suis pas en état de réussir à monter à l'étage toute seule. Là, tout de suite, c'est un peu comme si les quelques marches devant moi représentaient l'ascension de l'Everest. Mission impossible alors que je n'arrive pas à tenir sur mes jambes. Finalement je crois que je vais prendre refuge sur le canapé du salon. Ou rester planter là par terre, à même le sol. Ça me parait pas si inconfortable que ça en soit.

Depuis les retrouvailles avec Brooke, c'est un peu le bordel dans ma tête. Dans mon coeur aussi surtout. Je crois que cette histoire de colocation me vrille complètement le cerveau. Et c'est pourtant que le début, ça promet. Ce n'était peut-être pas une si bonne idée que ça finalement quand on y repense. Mais c'est trop tard maintenant. C'est d'ailleurs pour ça que je suis sortie ce soir. Pour changer d'air, penser à autre chose. Profiter, boire, flirter. Tout ce que je sais faire de mieux. Me vider la tête pour chasser les vieux démons qui persistent à vouloir refaire surface. Ne plus penser à ces foutus sentiments et ces stupides émotions contradictoires. Ne plus penser à elle. Non, surtout pas. Ça n'existe pas, tout ça n'existe pas. Je ne ressens rien, et je ne dois définitivement rien ressentir. Jamais, plus jamais. Les verres d'alcool s'enchaînent au rythme de la musique, et la soirée finit rapidement par avoir l'effet escompté. Pendant l'espace de quelques heures, j'oublie tout. Tous mes doutes se sont envolés - ou presque. Mais l'alcool ingurgité y est forcément pour quelque chose. Pourvu que ça ne me revienne pas en pleine figure demain au réveil. C'est un risque à prendre, mais la sensation de bien-être actuelle est appréciable. Je ne veux pas penser à l'éventuel retour de flamme. Pas maintenant. Finalement c'est le coeur un peu plus léger que je rentre à la villa. Mes pas se font hésitants et mon équilibre dangereusement précaire. Pour être honnête, j'ai du mal à y voir clair. Mon cerveau est embrumé, et ma vision un peu troublée. Faut dire que les limites du raisonnable ont été dépassées depuis déjà longtemps. Il y a eu trop de verres pour pouvoir les compter. Et puis merde, on s'en fout. On a qu'une vie, il faut bien s'amuser. Devant la villa, je respire un grand coup pour me concentrer. Je sais que je ne dois surtout pas faire de bruit, Brooke doit dormir à poings fermés à cette heure-là. Si je veux arrondir les angles avec elle, c'est pas le moment de faire la conne. Aie, je n'arrive déjà pas à trouver le trou de la serrure, c'est pas gagné. J'arrive finalement non sans difficulté à déverrouiller la porte et je me glisse à l'intérieur sur la pointe des pieds. J'ai l'impression de rentrer en douce après le couvre-feu comme une gamine qui a désobéit à ses parents. Et ça me fait rire. Quelques pas dans le hall d'entrée suffisent pour que ce soit le drame. Merde, l'alarme. Un bruit aigu et strident se fait alors retentir dans toute la maison. Oups, je crois que j'ai oublié un petit détail. Et bien sur impossible de me souvenir du code pour l'arrêter. Fais chier. Brooke arrive en furie dans le couloir, complètement paniquée. « Ce n'est que moi, c'est rien. No panic. » Tadam, surprise. Je lève les bras au ciel en laissant échapper un petit rire incontrôlé d'entre mes lèvres. C'est la merde. La lumière m’éblouit et je me cache les yeux un instant, manquant de peu de me casser la gueule. Pourquoi j'ai autant mal à la tête d'un coup ?

Cette surprise me pousse inconsciemment à penser à la finalité de cette soirée. On ne va pas se mentir, c'est un peu le scénario rêvé pour passer à la vitesse supérieure dans notre relation. Une chambre d'hôtel, un jacuzzi, un dîner en tête à tête... tous les critères semblent réunis pour notre première fois. Toute cette histoire m'a permis de prendre conscience d'une chose. Si je ne veux pas que Wyatt soit tenté par une autre fille - comme Kai par exemple, il faut qu'il soit totalement épanoui et comblé dans son couple. C'est une évidence assez logique en soit. « Ce n'est pas grave... Tu sais je comprends. » Je suis soulagée qu'il ne m'en tienne pas rigueur. « A ta place, j'aurai surement fait la même chose... Je suis conscient de t'avoir blessé... La façon de faire était moche... C'est juste que tout ça n'a pas compté pour moi et je ne pensais pas utile de t'en parler... Grosse erreur alors pardonne moi encore une fois... » Wyatt s'excuse une nouvelle fois alors que mes doigts viennent s'entrelacer dans les siens. Je ne veux plus qu'il se sente coupable maintenant, c'est fini. Inutile de ressasser cette histoire toute la soirée. « Mais quelque part tout ça m'a fait prendre conscience que je tenais vraiment à toi... Je n'en doutais pas mais clairement sans toi la vie n'est pas aussi belle. » Un large sourire s'affiche instinctivement sur mes lèvres. C'est exactement ce que j'avais besoin d'entendre. Wyatt arrive à m'ouvrir son coeur et je ne peux qu'être réceptive. « Je tiens vraiment à toi aussi tu sais... » Wyatt est d'abord mon meilleur ami avant même d'être mon petit-ami. Et c'est finalement un peu à double tranchant. En se mettant en couple tous les deux, on a en quelques sortes pris le risque de mettre notre amitié en péril. Si notre relation venait à se transformer en échec, qu'en adviendra-t-il de nous ? On sait tous que dans la majorité des cas l'amitié n'y résiste pas. « Et je ne veux pas te perdre. » Pas maintenant ni même plus tard. Jamais. Wyatt est un peu comme mon repère, l'équilibre dont j'ai besoin pour me sentir bien. « Surtout pour des conneries dans le genre. » Finalement c'était peut-être tout ce dont nous avions besoin tous les deux. Une soirée en tête à tête pour se retrouver et se reconnecter l'un à l'autre. Notre complicité a toujours fait la force de notre relation. Et j'ose espérer qu'elle sera encore là longtemps. « On vaut beaucoup mieux que ça. » N'en parlons plus. Nous commandons un apéritif que le serveur ne tarde pas à nous amener. Je lève mon verre avant de plonger mon regard dans le sien. « A nous et à cette soirée. » Il nous reste plus qu'à profiter de cette soirée qui nous tend désormais les bras.

Ouvrir mon cœur, me montrer romantique voilà ce que la demoiselle attendait sans doute de moi.... Pourtant je n'étais pas avare de mots en ce qui concerne l'amour, je n'étais pas ce genre de garçon qui ne dit pas je t'aime et qui préfère montrer ses sentiments par des petites attentions au quotidien.... Mais peut erre que Kezia avait tout simplement besoin de me faire confiance ou plutôt de retrouver la confiance qu'elle avait perdu en moins suite à cette soirée d'action ou vérité....

''C'est toi qui décide ma princesse.'' Tant pis pour le jacuzzy ! Ce n'est que partie remise pour plus tard ! Encore une fois l'importante et de faire plaisir à me petite amie peu importe l’ordre dans lequel on fait les choses... Ses désirs sont les miens et elle le sait très bien.... Je ne pensais pas que sa présence me ferrait autant de bien... Le manque s'est pourtant ressentis rapidement lors de son escapade mais toujours est-il que plus les secondes défilent plus je me rends compte que je ne peux vivre sans elle... C'est une partie de moi, un peu comme mon oxygène.... Constat aussi mignon que troublant...

Remettant mon bombers nous quittons la chambre pour descendre dans la grande rue située à coté de l'hôtel. Il y a largement de quoi trouver notre bonheur sur place alors autant rester dans le quartier. Sur le chemin, Kezia fait référence à ce qui s'est passé l'autre soir. Mon cœur se sert. ''Ce n'est pas grave... Tu sais je comprends'' Je sers sa main, ce contact me fait du bien. ''A ta place, j'aurai surement fait la même chose... Je suis conscient de t'avoir blessé..... La façon de faire était moche....  C'est juste que tout ça n'a pas compté pour moi et je ne pensais pas utile de t'en parler... Grosse erreur alors pardonne moi encore une fois.....'' Je suis sincère, ca se voit, ca s'entend, espérons seulement que la demoiselle ne doute plus de moi. ''Pizza ça te va ?'' Voyant qu'elle approuve nous entrons dans le restaurant et nous asseyons dans le fond de la salle prêt de la grande baie vitrée donnant sur un jardin extérieure. ''Mais quelque part tout ça m'a fait prendre conscience que je tenais vraiment à toi.... Je n'en doutais pas mais clairement sans toi la vie n'est pas aussi belle.''

« Ne dis rien.... Viens juste dans mes bras... Tu m'as manqué... » J'ai besoin de le sentir tout contre moi, de me blottir dans ses bras. Comme pour m'assurer qu'il est bien encore là, que je ne l'ai pas définitivement perdu. C'est quelque chose que je ne pourrais pas me pardonner. Mon coeur, bien que chamboulé et bouleversé par les récents événements, ne s'en remettrait pas. « Ce n'est pas grand chose.... On prend jamais le temps de se faire du bien... Enfin non... Bon tu vois ce que je veux dire... » Je laisse échapper un petit rire d'entre mes lèvres. Il est maladroit dans la tournure de ses mots mais c'est justement ce qui le rend encore plus craquant. Si d'ordinaire il a plutôt la réputation d'être le mec un peu trop sûr de lui, avec moi il est totalement différent. C'est ce qui me prouve au quotidien que ses sentiments à mon égard sont réellement sincères. Je ne doute pas de lui, je n'en ai jamais douté. C'est plutôt de moi que je devrais me méfier. « Alors place à la détente... J'avais piqué un de tes maillots de bain dans ton armoire en prévision.... Mais on peut aussi aller manger un morceau... On fait comme tu veux... Ce qui te fais plaisir me ferra plaisir en retour. » Mon estomac gronde un peu malgré moi alors que je ne peux m'empêcher de rire. « Je crois que mon estomac ne nous laisse pas trop le choix. » Manger d'abord, profiter après. Je ne peux de toute évidence rien faire l'estomac vide. « On profitera du jacuzzi et de la chambre après. » Un large sourire se dessine sur mes lèvres. Manger en tête à tête nous permettra de commencer la soirée en douceur. Prendre notre temps, discuter un peu. Nous n'avons pas vraiment eu l'occasion de parler tous les deux depuis la soirée action ou vérité. Main dans la main, nous quittons notre chambre pour s'installer sur une table du restaurant de l'hôtel. « Je suis désolée d'être partie comme ça sur un coup de tête... » Ma main vient s'emparer de la sienne alors que je grimace légèrement. « Je... je crois que j'avais besoin de temps après ce qu'il s'est passé. » Même si ce n'était pas totalement mon idée de partir à la base. « Je vous en ai beaucoup voulu sur le moment, à toi et à Kai, mais ma réaction a peut-être été un peu excessive... » Je le reconnais. Leur relation fait partie du passé, et nous étions même pas encore ensemble à cette époque là. En soit, je n'ai rien à lui reprocher. Mais ça fait quand même mal d'apprendre ça comme ça.